Compatibilité des médicaments

La compatibilité des médicaments est un problème épineux et qui se pose souvent dans la pratique

On doit distinguer les interactions médicamenteuses, de la stabilité du mélange de médicaments.

On parle d’interactions médicamenteuses lorsque la prise d’un médicament a une influence sur un autre.

Cette influence peut-être dans un sens additif ou synergique (le résultat est supérieur à l’addition des effets de ces 2 produits pris séparément) comme elle peut être négative (la prise d’un médicament annule l’effet de l’autre médicament, antagonisme ou inhibition).

Dans certaines situations ces effets sont recherchés mais dans d’autres à éviter.

Situations les plus fréquentes où la synergie est recherchée

Association de médicaments antalgiques non morphiniques pour potentialiser l’effet antalgique de la morphine sans arriver aux effets secondaires de la morphine comme la dépression respiratoire, la constipation, les nausées/vomissements ou la rétention d’urines.

Situations ou l'association doit être prudente

La prescription de médicaments sédatifs (comme les benzodiazépines) doit être prudente si le patient est sous morphiniques car le risque de dépression respiratoire lié aux deux types de médicaments augmente.

Mélange de médicaments

Par contre lors de l’association ou le mélange en même temps de deux médicaments ou plus dans la même seringue ou poche de perfusion on parle de compatibilité ou de stabilité du mélange et c’est ce qui est difficile à vérifier car on ne le retrouve pas forcément dans les RCP, il est vrai que certaines incompatibilités majeures sont rappelées mais des associations auxquelles on a souvent recours en pratique ne le sont pas, telles que l’association ACUPAN® + PERFALGAN® 

 Si on cherche sa fiche dans la base de données publique des médicaments, on tombe sur le classique « Ce médicament ne doit pas être mélangé avec d’autres médicaments à l’exception de ceux mentionnés dans la rubrique 4.2. »

Et quand on vérifie dans la rubrique 4.2 on retrouve « ACUPAN peut être administré dans les solutions usuelles pour perfusion (solution isotonique de chlorure de sodium ou glucosée). Il est recommandé d’éviter de mélanger dans la même seringue ACUPAN et d’autres spécialités injectables. »

Si on fait la même recherche pour le Perfalgan en allant vers la rubrique 6.2 incompatibilité le résultat est sans appel « Perfalgan ne doit pas être mélangé avec d’autres médicaments. »

Est-ce que ceux qui le font couramment ont tort ?

En recherchant sur le site STABILIS on trouve que l’ACUPAN® (nefopam) est stable en solution avec le ketoprofene, le paracetamol et le droperidol … (page sur la stabilité du nefopam) 
Ceux qui le font n’ont donc pas tort !

Les accents pour ces molécules ont été retirés pour faciliter les recherches.

Quelques ressources pour vérifier la stabilité des médicaments

Pour les adeptes des bon vieux livres papier, les guides publiés par l’American Society of Health-System Pharmacists ASHP® Injectable Drug Information™ Handbook on Injectable Drugs sont une excellente ressource mais en anglais (la DCI des médicaments est la même mais il existe parfois quelques différences) et dont le prix avoisine 430 € .

Exemples de page présentant les conditions sous lesquelles la ceftriaxone est stable

Page du site STABILIS.ORG (accédé en nov. 2023)

Page du livre ASHP Injectable drug information (edition 2021)

Pour ceux qui préfèrent les applications sur dispositif mobile on le retrouvera sur :

(Abonnement annuel de 54.99 €)

Mais finalement pourquoi mélanger les médicaments ?

Le mélange de médicaments dans la même poche de perfusion au-delà d’être plus pratique et plus rapide que la préparation séparée de chacun des médicaments dans une poche séparée puis leur perfusion les uns après les autres, offre l’avantage de ne pas surcharger le patient en apport liquidiens non souhaités surtout si le patient doit être en restriction hydrique.

RCP :  Résumé des Caractéristiques du Produit 

Exemple d’incompatibilité majeure :  « …  ne pas utiliser de solutions contenant du calcium (par exemple solution de Ringer ou solution de Hartmann) pour la reconstitution des flacons de ceftriaxone, ni pour la dilution d’un flacon reconstitué pour une administration par voie intraveineuse, en raison de la possibilité de formation d’un précipité. La ceftriaxone ne doit pas être mélangée à des solutions contenant du calcium, ni administrée en même temps que ces solutions, y compris les poches de nutrition parentérale totale… »

Mis à jour : Mars 2024